Patrimoine en péril
Vestiges d’une autre époque, les vieilles granges de Saint-Cuthbert, et d’ailleurs au Québec, sont d’une grande valeur patrimoniale. Pourtant, année après année, elles perdent leur cachet, leur utilité, leur intégrité architecturale, leur présence sur notre territoire. Ces granges qui jouaient un rôle de premier plan par le passé deviennent dans notre aujourd’hui une source de problèmes pour les assureurs qui en recommanderont trop souvent la démolition, pour les agriculteurs qui doivent se conformer aux règles sanitaires de divers organismes gouvernementaux et pour les propriétaires qui ne peuvent pas toujours assumer les coût lorsqu’ils tentent d’en transformer l’usage pour les maintenir en état… et ça c’est lorsque la volonté et la conviction y est… Et il y a la météo hivernale qui n’épargne pas non plus ces bâtiments…
Étant propriétaire d’une grange ancestrale, dont une partie s’est effondrée lors d’un récent hiver ardu, j’ai été confrontée dans la dernière année à l’importance et la faisabilité de garder ou non ce bâtiment patrimonial. J’aurais pu à maintes reprises vendre ce bois de grange en grande demande actuellement. J’ai finalement opté pour une sauvegarde de la partie encore en bon état et pour une intégration de la structure de la seconde partie encore debout dans le paysage. Je ne peux me résigner, malgré les coûts et le travail, à mettre à terre un patrimoine qui représente une partie importante de notre identité. Cette grange restera debout, avec son regard qu’elle porte depuis plus d’un siècle vers les champs qui la bordent et qui rappellent toute l’importance qu’elle a eu dans notre histoire saint-cuthbertoise, et avec son rôle de témoin du passé qu’elle peut jouer encore aujourd’hui.